LA VIE EN CHANTIER, Pete Fromm : Un incipit efficace.

 Qu’est-ce qu’un incipit ?

       Un incipit est, pour faire simple, le début d’un roman. Il a deux objectifs principaux : le premier est de présenter la situation initiale du roman en donnant les informations essentielles pour la comprendre comme le nom des personnages, le lieu et/ou la date de l’action ainsi que les thématiques principales. Son second rôle est de donner envie au lecteur de poursuivre sa lecture. Comprendre et enthousiasmer, en deux mots.

Qu’en est-il de l’inicipit de La vie en chantier de Pete Fromm ?

Avant de vous parler de ce fameux incipit, voici un petit résumé du roman en question, je précise ici également qu’il n’y aura aucun spoiler sur cet article :

    Taz et Marnie, futurs parents, mènent une vie bohème et rénovent une vieille maison pour en faire un endroit parfait pour leur vie familiale. Tragiquement, Marnie meurt en couches et Taz se retrouve seul face à une maison en chantier et un tout petit bébé dont il ne sait s'occuper. La vie en chantier c'est l'histoire de Taz et Marnie, de Taz et leur fille Midge, de Taz et de sa reconstruction

            Dans ce roman, Pete Fromm réalise un incipit in medias res (comprenez ici : au cœur de l’action) puisque le livre s’ouvre sur Marnie annonçant sa grossesse à Taz. L’auteur jette son lecteur dans l’action, recevant la nouvelle en plein visage. L’avantage de ce genre d’incipit est qu’il permet à l’histoire de commencer immédiatement : être ainsi dans le feu de l’action rend superflue la présence de longues descriptions. En effet, les personnages vivent et parlent, ils sont donc déjà ancrés dans un univers et semblent ne pas avoir attendu le lecteur pour exister. En outre, ce départ au cœur du mouvement m’a semblé pertinent ici puisqu’il résonne avec l’effervescence de la vie d’un jeune couple et encore plus avec la vie de jeunes parents. Marnie et Taz sentent la vie et c’est pour cela qu’ils veulent la donner.

            En plus d’être vivant, cet incipit rempli son rôle de façon efficace et clair : les personnages principaux sont présents dès les premières pages et leurs rôles sont bien définis, le moment et le lieu de l’action sont plutôt clairs grâce à la présence d’objets modernes et à de petites descriptions, les thématiques abordées sont bien amenées et semblent intéressantes. En effet, la parentalité est présente dès la première ligne, même si l’on ne parle pas encore de monoparentalité. La reconstruction de Taz, quant à elle, est exposé grâce aux prémices d’une métaphore filée qui perdurera jusqu’à la fin du livre : l’évolution du chantier de la maison.

          Il me tient à cœur de parler de cette métaphore filée car, bien qu’assez évidente, je l’ai trouvée pertinente et bien menée. Elle sert de ligne directrice à l’auteur comme au lecteur et le fait qu’elle soit amenée dès l’incipit est, selon moi, une plus-value !  Aussi, elle résonne avec le titre et fait sens dès les premières pages. Lorsque l’on ouvre La vie en chantier, nous nous retrouvons justement dans un chantier. Cela est aussi motivant pour la lecture : dès le départ, c’est le chaos et, évidemment, ce chaos atteint son paroxysme avec la mort de Marnie mais les outils, les vis et les clous présagent la reconstruction de Taz : voilà de quoi donner de l’entrain au lecteur !

      Bien que je n’aie pas trouvé ce livre parfait, je l’ai vraiment apprécié notamment grâce à sa construction dynamique et adroite. La métaphore filée m’a tenue en haleine et j’ai aimé la retrouver tout au long du livre, elle m’a d’ailleurs convaincue d’écrire ce petit article sur l’incipit de La vie en chantier de Pete Fromm.

Avez-vous lu ce roman ? Si c’est le cas, qu’avez-vous pensé de l’incipit du roman ?

Si vous ne l’avez pas lu, vous fait-il envie ?

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  Littérairement vôtre,

Le terrier sous la lune.